Le port du pantalon par les femmes, longtemps interdit dans de nombreux espaces publics, cesse progressivement d’être sanctionné à partir des années 1970. Les codes vestimentaires professionnels, encore stricts à la fin de la décennie précédente, se voient bousculés par l’arrivée de tissus synthétiques et de motifs audacieux.Dans les grandes villes, la frontière entre vêtements masculins et féminins s’effrite sous l’effet des mouvements sociaux et de la culture pop. Les créateurs s’affranchissent des conventions, dessinant de nouvelles silhouettes qui marquent durablement le paysage vestimentaire occidental.
Plan de l'article
La mode des années 70, miroir d’une décennie en pleine effervescence
Soudain, la rue devient podium. Sur le bitume comme dans les magazines, les styles se libèrent et font exploser les routines. La mode surgit, portée par une génération qui casse les codes, alterne extravagance, simplicité et revendication dans les coupes comme dans les imprimés. De la mouvance hippie jaillissent les robes à fleurs, les franges, les broderies et les couleurs vives. Jane Birkin, visage d’un style années 70 à la française, incarne ce mélange de naturel savamment dosé et d’allure nonchalante, panier au bras et cheveux insoumis.
Tout s’accélère. La bande-son change, la rue prend le rythme. David Bowie électrise l’époque, propage le glam rock et la paillette. Sur scène comme dans la mode, les chaussures prennent de la hauteur, les motifs hypnotisent, les costumes masculins se resserrent. La décennie fait la part belle à l’extravagance, sur fond de disco, funk ou rock qui invitent au mélange des genres. Les hommes délaissent la discrétion : voilà les couleurs franches, les cols qui s’étirent, les pantalons pattes d’éléphant assumés comme jamais.
Du côté de Londres, la contestation sociale se porte sur les corps. Vivienne Westwood et Malcolm McLaren bousculent les normes avec le punk : clous, cuir, tee-shirts déchirés, tout se retourne pour transformer la mode en prise de position. En parallèle, Calvin Klein, Farrah Fawcett ou Ralph Lauren imposent d’autres visions. Jamais les frontières entre genres n’ont été aussi floues. Oui, la musique influence la mode et inversement ; chaque créateur y imprime sa signature. En France, entre romantisme bohème et élégance androgyne, l’histoire de la mode se réécrit sous nos yeux, en direct.
Quels styles iconiques ont marqué l’époque ?
Les années 70, ce sont des vêtements qui tapent dans l’œil, des looks qui imposent leur singularité, des tenues trop audacieuses pour passer inaperçues. La vedette, c’est le pantalon pattes d’éléphant, symbole d’indépendance. Il existe en denim bootcut mais aussi en velours côtelé, souvent associé à une veste marquée ou à un blazer élargi. Impossible d’oublier Farrah Fawcett, baskets aux pieds et crinière solaire, icône absolue de cette silhouette.
Pour les femmes, chaque apparence compte : mini-jupes pointues de Courrèges, robes longues vaporeuses, cuissardes ou bottes vernies. Côté imprimés : fleurs, pois, rayures, géométrie débordante, toutes les envies trouvent tissu à leur mesure. Impossible d’ignorer l’exubérance des accessoires : lunettes de soleil XXL, bijoux venus d’ailleurs, foulards, larges ceintures. Yves Saint Laurent propulse la saharienne sous les projecteurs ; Zandra Rhodes prouve que l’excès de couleur ne nuit jamais à l’audace.
Les hommes picorent dans le glam rock et le punk : col pelle à tarte extra-large, vestes brillantes, plateformes aux pieds. Pattes d’éléphant, chemises imprimées et blousons en cuir deviennent habituels, presque uniformes pour la jeunesse.
Sur la piste disco, la fièvre grimpe : robes constellées de sequins, costumes trois pièces, chaussures plateforme. Diane von Fürstenberg impose la wrap dress, véritable révolution dans le prêt-à-porter féminin.
Au bout du compte, on retient la diversité éclatante. Les matières et les accessoires foisonnent, les silhouettes se croisent, chaque détail ajoute un chapitre à l’histoire de la mode, une histoire qui se raconte et se revisite encore aujourd’hui.
Des matières et motifs qui osent tout : paillettes, imprimés et couleurs explosives
Les années 70 auraient pu être baptisées « décennie couleur ». Les couleurs vives s’imposent sans ménagement : orange vitaminé, jaune irréductible, bleu électrique, vert acide. Pas de demi-mesure, la créativité s’exprime avec éclat. Un veston en velours côtelé violet ici, là une chemise à motifs psychédéliques, ailleurs un pantalon flare en suédine camel affichent la liberté de ton. Le détail prend toute sa place.
Parmi les motifs préférés de l’époque, on peut citer quelques incontournables :
- Fleurs surdimensionnées, directement inspirées de la mouvance hippie.
- Rayures multicolores, qu’elles courent à la verticale ou à l’horizontale.
- Motifs géométriques hypnotiques, dessinant des silhouettes à l’impact visuel certain.
Le disco devient la référence quand la nuit tombe : paillettes et sequins s’emparent des robes, des vestes, des chaussures. Les éclairages des clubs s’accrochent aux tissus et chaque pas rayonne davantage.
Côté matières, c’est aussi le grand chambardement. Daim et cuir s’accordent à la fourrure (sous toutes ses formes), à la suédine toute douce, ou encore à des fibres synthétiques ultra-nouvelles pour l’époque. À la ville comme en studio, chacun ose, explore, assemble sans jamais craindre d’aller trop loin. Le style seventies se nourrit de cette liberté, change de visage au gré des humeurs et ne s’impose aucune limite.
L’héritage seventies : pourquoi ces tendances fascinent encore aujourd’hui
Impossible d’ignorer l’influence persistante des tendances mode des années 1970 sur la mode contemporaine. Sur les podiums, chez des maisons comme Saint Laurent ou lors des fashion weeks parisiennes, les pantalons à pattes d’éléphant, les vestes velours, les imprimés exubérants reprennent vie. Le style vintage devient source d’inspiration continue, que l’on revisite et détourne volontiers. C’est un souffle nouveau dans la mode actuelle, garant d’audace et de liberté.
La pop culture n’a rien oublié : chaque revival fait ressurgir les idoles d’hier, Farrah Fawcett, David Bowie, Jane Birkin, Vivienne Westwood, devenues modèles pour une nouvelle génération. Au cinéma, en soirée déguisée comme sur Instagram, cet héritage ne cesse d’être réinterprété. La décennie a laissé une marque puissante dans l’imaginaire et la création d’aujourd’hui.
Impossible aussi d’ignorer cette force motrice qu’est la musique. Le glam rock inspire toujours, le punk bouscule encore, le hippie déroule ses tissus longs et libres. Les créateurs piochent à l’envi, entre hommage pur et clin d’œil appuyé. La facilité à trouver des pièces vintage permet à ce style seventies de resurgir jusque dans les collections éphémères de géants de la mode. La décennie s’offre sans cesse de nouveaux retours.
Couleurs qui claquent, matières qui osent, allures inimitables : l’esprit seventies n’a rien perdu de son énergie et revient toujours là où la mode réclame un souffle neuf.